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Voyage dans le Nord de la France
8 février 2012

Mercredi 8 février

Ce matin, nous commençons par la visite des Beaux-Arts de Lille. Il a été dur de choisir une oeuvre dans ce musée immense et très diversifié...J'ai choisi " Hommage à Miguel de Unamuno " ou " Torrent vert " d'Alfred Manessier ( 1911-1993).

I. Analyse d'oeuvre


Après avoir étudié aux Beaux-Arts, Manessier se met d'abord à la peinture classique comme Titien, Renoir ou Rembrandt. Puis plus tard, on voit sur ses oeuvres l'influence de l'impressionnisme, du cubisme, du surréalisme ainsi que du fauvisme...Mais pour finir, il décide de se consacrer à la peinture non-figurative, chose différente de l'art abstrait puisque ses oeuvres ont toujours un lien indirect avec la réalité..Il a d'ailleurs dit
« Ce sont les passages qui m’intéressent. Je ne crois pas que l’univers du peintre constitue un monde à part qui puisse se définir isolément du monde naturel, du monde poétique ou du monde spirituel. Entre toutes ces formes de l’expérience humaine, quelque chose circule, qui en assure la profonde unité. C’est ce quelque chose, cette circulation, que je m’efforce de faire apparaître ».

Peut-on parler de paysage dans cette oeuvre ? 

 


Tout d'abord, le second titre " Torrent Vert " nous laisse penser qu'Alfred Manessier avait un paysage en tête lorsqu'il peignait cette oeuvre. Et comme il l'a qualifié si bien, on a vraiment l'impression qu'une circulation est présente, un courant de rivière vers la droite, et ce serait cela qui ferait le mouvement du tableau. Il peint " comme agit la nature " et en effet, on a l'impression que son pinceau a suivi le courant de l'eau. Au niveau des couleurs, on ne peut pas dire que ce soit ressemblant au niveau réalisme, preuve de sa peinture non-figurative. Cependant les couleurs sont favorables à la notion de profondeur, notamment avec celles plus sombres comme le bleu et le violet foncé. Finalement peut importe qu'on voit un paysage dans cette oeuvre, l'important est de percevoir la sensation que l'artiste a voulu intégrer à son tableau. Pour moi, c'est le mouvement de l'eau qui est vraiment bien retranscrit. 

II. Analyse d'oeuvre

J'ai choisi une sculpture de Jean-Antoine-Marie Idrac en bronze qui s'appelle " L'Amour piqué" . Idrac ( 1849-1884 )  était un sculpteur français, il a d'ailleurs remporté le premier grand prix de Rome en 1873 de sculpture. 

 Comment est-ce que ce sculpteur arrive-il si bien à reproduire cette scène seulement avec du bronze ? 

Il semble que ce soit le Dieu Eros, dieu de l'amour qui se soit fait piquer par une abeille. Le corps de ce Dieu, qui est normalement représenté potelé puisque c'est un enfant, semble d'ailleurs avoir déjà le corps d'un homme notamment avec les abdominaux qui ressortent. Sa position semble un peu efféminée, et on s'attend vu le réalisme de la statue, à l'entendre se plaindre très vite. La scène est si réaliste que si on devait la qualifier, il faudrait dire qu'elle est d'une précision minutieuse. 

J'ai trouvé ce musée assez sympathique, de plus, nous avons vraiment eu le temps d'apprécier les oeuvres, de rester aussi longtemps que nous le voulions devant une oeuvre qui nous plaisait...Mais cela, c'était avant de découvrir le musée de La Piscine à Roubaix ! 

Le musée de la piscine à Roubaix est une ancienne piscine art-déco des années 1920-1930, elle-même ancienne usine textile, toute droit sortie de l'architecture industrielle. Il faut expliquer la situation : la piscine construite en 1927 par l'architecte Albert Baert est une idée du maire de Roubaix, Jean Lebas. Roubaix était une ville industrielle peuplée d'ouvriers habitant dans des courées ( ensemble d'une vingtaine de maisons en briques comportant de petites pièces ). Dans ces courées, il n'y avait souvent qu'un seul puit pour tous les habitants, alors l'hygiène y était assez médiocre. Jean-Baptiste Lebas décide donc de construire cette piscine pour offrir des bains à sa population d'ouvriers, pour leur offrir du bien-être. Il y avait, à la piscine, deux jours consacré aux femmes, et le reste de la semaine consacré aux hommes. L'hygiène y est primordiale : chacun devait porter un sur-maillot de bain et il faut absolument parler des cabines de douches encadrant le bassin : elles sont en briques vernissées, les portes-manteaux ainsi que les portes-savons sont intégrés au mur. C'est l'architecture hygiéniste ! La piscine fermera en 1985, pour raison de sécurité ( le plafond s'effritait..), et a été réhabilitée par Jean-Paul Phillipon pour en faire un musée. 

Et cette fameuse décoration ? 

Au début du chantier, nous nous trouvons au sortir de la guerre, il y a le besoin réel d'un changement pour oublier toutes ces horreurs. L'Art nouveau, avec ses lignes sinueuses et ses petites fleurs est aboli : place à l'Art décoratif avec son épuration, ses lignes géométriques, et l'influence des estampes japonaises...L'expression de l'Art déco serait " allier le beau et l'utile". On peut voir à la piscine une unité décorative : les rembardes avec toujours leur même signe au milieu ( l'image à droite ) et les mêmes mosaïques avec toujours la même petite vague. 

                        

Ce bâtiment est en fait construit comme une abbaye cistercienne. Le bassin de 50 mètres entouré de cabines, le plafond qui a une voûte en plein cintre, ainsi que les vitraux comme dans une église en sont la preuve. D'ailleurs, l'invitation à la spiritualité et la méditation, ce lieu apaisant tout en lumière ne fait-il penser à une abbaye ? 

L'architecte de la piscine était franc-maçon, et cela n'est pas anodin de la part du maire. La piscine est un véritable programme social et politique. La franc-maçonnerie est un mouvement aux objectifs humanistes et éthiques pour le progrès de l'humanité avec un idéal de fraternité er de solidarité. Il y a donc dans la piscine quelques clins d'oeils : les deux colonnes de l'entrée, le soleil de la verrière qui serait un peu le symbole des francs-maçon, la frise du premier étage...

Dans cette architecture Art déco, de nombreuses sculptures du XIX et XXème siècles entourent le bassin. Le musée exposent également des peintures, mais aussi un large répertoire de tissus ( la spécialité industrielle de Roubaix ), des pièces de céramiques, mais aussi des vêtements de créateurs ! 

I. Analyse d'oeuvre


J'ai choisi, pour changer, d'étudier une robe de créateur. " Robe Mickey " de Jean-Charles De Castelbajac. 


Jean-Charles De Castelbajac est un créateur de mode français. Lors de ses premiers défilés, il a organisé notamment un défilé futuriste avec des bandes Velpeau, du nylon de protection...Il a même crée des robes-tableaux peintes par Ben ou Loulou Picasso, des vêtements graffitis...En bref, ce créateur est un original ! 

Pourquoi cette robe dans un musée ? 

Cette robe date de 1983. Elle est faite de coton et de lin, elle semble toute légère. La robe elle-même est une tête de Mickey, ce qui fait son originalité. Petit clin d'oeil assez comique : les oreilles de Mickey couvrent la poitrine de la femme qui porte la robe ! Cette robe est finalement très enfantine, très simplifiée, et l'on se demande si le créateur n'a pas voulu faire une satire de la mode ! Ce modèle est loin des dentelles, motifs compliqués, et formes étranges...De plus, Mickey est le symbole de Walt Disney : il est un  symbole universel de la société d'aujourd'hui. Pour moi, cette robe est seulement destinée à marquer les esprits et, à première vue, surtout à faire rire ! 

 

J'ai beaucoup aimé le fait qu'il y avait des vêtements et des chaussures ainsi que des bijoux de créateurs dans ce musée : c'est vraiment une chose atypique et c'était très chouette de découvrir cela dans des anciennes cabines de douches. 

De plus, la guide était vraiment passionnante lorsqu'elle parlait de l'ancienne piscine en elle-même mais aussi lorsqu'elle a parlé de la statue " L'esclave à Venise" de Gérôme ou encore d'une oeuvre de Camille Claudel appelée " La petite châtelaine". Sans ces informations, il est vrai que tout le charme de cette statue translucide n'aurait pas vraiment pu se révéler, mais après avoir su qu'il y avait un rapport avec l'avortement de Camille Claudel, je l'ai trouvé superbement touchante. En bref, ce musée est un peu mon coup de coeur ! La verrière qui ensoleillait le bassin, les explications, le temps que l'on a eu pour flâner, tout était très agréable. 

Après ce musée, nous sommes ressortis dans le froid pour visiter un peu et parler de Roubaix. Pour voir la synthèse sur l'art industriel et sa réhabilitation, cliquez ici. Après cette visite, nous sommes rentrés à l'auberge de jeunesse pour ma part, enchantée de cette journée. 

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